la féminité

Texte de Gilles Daguzan du 18/04/2021.

La féminité est tout autour de nous et en chacun de nous.

Beauté divine en poésie, grâce chez le danseur ou la danseuse, source d’inspiration pour le sculpteur, elle peut être magnifiée ou diabolisée, elle peut s’exprimer à travers les objets, dans l’architecture, dans le design, être exploitée comme dans le monde de la publicité, elle est aussi liberté, féminisme… Dans ce monde changeant, mouvant, elle a su s’enrichir, offrant, non pas un visage, mais de multiples visages. Si l’on considère la féminité comme spécifique aux femmes, l’image de ces dernières pour ce qu’elles incarnent, a largement été utilisée. Je pense aussi et bien évidemment à l’utilisation de l’allégorie et du symbole, dans la peinture occidentale.

Dans le même temps, je ne peux m’empêcher de penser à cette citation de Simone De Beauvoir : « On ne naît pas femme, on le devient ». Ce qui sous-entend, qu’au terme du processus de construction d’identité, toutes les femmes sont différentes et chacune d’entre elles est unique. Mais alors comment définir la féminité qui en idée les relie ?

 Le choix du thème, qui permet de replacer la féminité au tout premier plan, m’a permis de m’interroger sur ma manière de la percevoir, de la ressentir, et même de me confronter, dans le bon sens du terme, à ma propre part de féminité. Celle-là même qui pousse les gens à imaginer devant une de mes toiles, que l’auteur est une femme. Cette sensibilité, je la nommerais ainsi, pour s’exprimer pleinement, m’a conduit à la pratique de la peinture, de la musique et même de la danse dans le passé. Elle m’a permis de m’élever, et je lui dois en grande partie l’homme que je suis.

Je vous soumets donc cette œuvre, avec humilité, car peu habitué à ce genre d’exercice. Elle s’est imposée d’elle-même, comme une évidence. Loin de vouloir bousculer, ou casser les codes, j’espère qu’elle suscitera intérêt. Plus qu’un privilège, ma participation me donne cette sensation agréable d’être connecté à ce tout, que l’on appelle humanité.

 

 

Voici la féminité telle que je me la représente en 2021.

Cette statuette (effet 3D ombre projetée) rouge (source de vie) nommée Déesse Lattara (titre de l’œuvre) nous renvoie à un passé lointain avec la Déesse Ishtar, la Vénus de Willendorf, ou encore la Madre Mediterranea, objets de culte et créations artistiques utilisant la figure de la femme, élevée au rang de sacré, pour vénérer la terre, la fécondité, la fertilité.

Juste au-dessus d’elle, on retrouve le symbole du féminin (triangle pointe vers le bas). Le saisissant à bout de bras, prenant solidement appui au sol, elle doit supporter son poids.

Puis il y a ce visage. Il pourrait être celui de Béatrice Portinari, devenue Muse inspiratrice de Dante Alighieri par amour spirituel et platonique, transcendant et passionnel, voire divin. A moins que ce ne soit celui de Giovanna Pala, militante féministe dans les années 70, qui a formé, pour la première fois, à l’aide de ses mains ce triangle renversé (que l’on retrouve sur le corps de ma Déesse) devenu symbole du féminisme. En définitive, chacun pouvant voir dans ce visage une personnalité ou le reflet de soi, il est une multitude de visages à lui seul : la féminité est plurielle.

On peut aussi y ajouter l’idée de contradiction. Alors que certains associent à la féminité des traits tels que la douceur ou la bienveillance, ici, avec cette poitrine (symbole morphologique) non sans rappeler le corset que Jean-Paul Gaultier a imaginé et confectionné pour Madonna, on perçoit toute sa force, son audace et même sa soif de liberté.

Maintenant, comment expliquer son apparence, ce corps multifacette, avec ses lignes, ses courbes et ses contours flous ?

Tout d’abord, pour éviter les stéréotypes ou encore pour souligner sa complexité. Mais aussi, pour insister sur le fait qu’elle n’est l’exclusivité d’aucun genre, idée renforcée par la place qu’elle occupe sur ce fond clair et obscur (le Yin et le Yang / l’homme et la femme). Mais surtout, ne serait-elle pas le début d’une abstraction ? La féminité évolue dans un environnement en pleine mutation. La société a tendance, pour définir les choses, à coller des étiquettes, à tout mettre dans des boites, tout en s’ouvrant aux débats sur l’identité de genre, l’égalité des sexes, la parité homme femme …Demain, la féminité se définira-t-elle ?